Ce texte s’adresse aux personnes ayant une connaissance assez approfondie de la psychanalyse et/ou de la philosophie. Il cherche à jeter les bases théoriques et méthodologiques de l’approche de l’intersubjectivité sur lesquels s’étayent les réflexions et point de vue du site.
L’intersubjectivité est le résultat d’un long cheminement de penseurs passant d’une psychanalyse freudienne fondée sur une approche scientifique fondée sur les principes des sciences naturelles classiques à une approche psychanalytique phénoménologique de l’humain en respect avec les avancées scientifiques et philosophiques postmodernes.
Ce mode de connaissance des relations humaines est orienté sur la formulation de ce qui est expérimenté comme vécu à partir d’une observation phénoménologique clinique (l’étude des phénomènes, de l’expérience vécue et des contenus de conscience). Il cherche à expliquer les phénomènes dans le cadre d’un champ d’études cherchant à déterminer les structures de l’expérience, le sens, les origines et les transformations thérapeutiques du monde subjectif de la personne dans toute sa richesse et diversité.
Son objet d’étude de l’intersubjectivité est de trouver le sens de la vie pour la personne à partir d’interprétation et d’efforts de compréhension par le biais de la mise en commun de l’expérience de vie de chacun. Ceci contrairement à la démarche scientifique des sciences de la nature (ex. approche cognitivo comportementale) pour qui l’objet est à l’extérieur, et ce, dans une quête d’identifier les relations causales explicatives du comportement.
L'étude des relations humaines
Historiquement, cette démarche psychanalytique postmoderne prend ses origines dans l’herméneutique religieuse visant l’interprétation des textes religieux. Il constitue mode de connaissance permettant une démarche plus appropriée à l’étude des relations humaines. Le chercheur et son objet de connaissance ne font qu’un. Ils sont indissociablement humains tous les deux. Ce dernier ne peut faire abstraction de son expérience personnelle pour évaluer la véracité et l’exactitude d’un phénomène. De ce fait, en même temps qu’il suit un processus valide de recherche, sa connaissance est au final un point de vue situé dans son processus personnel et dans le contexte de son époque.
De là les grands auteurs Stolorow, Buber, Gadamer, Lacan, Kohut, etc.) en psychanalyse phénoménologique prennent leurs distances avec l’idée que l’on puisse arriver à une connaissance définitive, universelle, la vraie comme le prétende les sciences dites naturelles. Ces auteurs estiment plus justes et plus près de la réalité de dire que nous ne pouvons arriver qu’à une étude approximative, subjective de l’humain. Pour ce faire, ils empruntent les voies de recherche des disciplines herméneutique et historique.
L'intersubjectivité et le vécu
Tout comme dans les sciences naturelles, l’Intersubjectivité étudie l’expérience du vécu humain par l’observation des phénomènes humains, mais cette fois à travers des histoires de cas. Il est circonscrit les processus intersubjectifs reliant les univers personnels du thérapeute et de son client en précisant progressivement les structures de communications prenant sens dans le contexte des différentes expériences de vie partagées. De là s’illustre un ensemble de principes organisateurs de la vie psychique du client qui se répètent de façon invariante. Ceci correspondant à ce qu’on peut trouver dans les observations dans les sciences naturelles, mais cette fois à partir d’un mode de connaissance subjective circulaire herméneutique.
Il importe de préciser que les principes organisateurs sont structurellement invariants. Ils ne changent pas dans l’expérience. Ils ont comme caractéristique de ne pas exister en tant que tel dans la personne. Ce ne sont pas des choses que l’on peut toucher, posséder, observer de l’extérieur, mais seulement expérimenter dans une expérience subjective avec l’autre. On ne pourrait pas inférer des profils de personnalité précis et universels de ces principes organisateurs.
L’intersubjectivité s’estime être en soi une voie de connaissance et d’intervention traitant la souffrance humaine dans un cadre rigoureux d’étude. Elle se réclame d’une position distinctive parmi les sciences humaines.