Une femme qui sombre dans la folie
‘’ Partir, oui partir si loin que plus personne ne pourra nous incommoder, dit Bernadette. Nous serons libres de faire ce que l’on veut, n’est-ce pas ? Promets-moi que nous le ferons.
– Oui chérie, nous le ferons dès que possible, répond André.
– Tu ne comprends pas. Tout de suite! Ces gens peuvent nous détruire à tout moment. Tu sais, lorsque nous avons aménagé, je ne faisais pas confiance aux vibrations de la maison. Tu ne t’en souviens pas, André?
a) Si, si, je m’en souviens. Je ne comprenais pas ce que tu voulais dire.
b) Là, avec les évènements d’hier ! répond Bernadette d’une voix inquiète. Ça ne peut pas être plus clair !
a) Oui, mais…, répond André, le regard évasif.
b) Oui, mais quoi ?
a) Réalises-tu où tu es en ce moment, Bernadette ?
b) Nous sommes à la maison !
a) Pas tout à fait, regarde autour toutes les chambres.
c) Madame, vous avez votre médication à prendre, dit l’infirmière en arrivant.
b) Qui êtes-vous, madame ? rétorque Bernadette d’un ton irrité.
c) Votre infirmière, madame. Je vois qu’elle ne réalise pas ce qui s’est passé, monsieur. Le choc a été terrible pour elle.
a) Je ne sais pas quoi faire, dit André d’un air dépassé.
c) Laissons la médication agir, conseille l’infirmière. Elle reviendra à la conscience. Pour l’instant, c’est trop difficile,
b) André, j’ai peur ! Les hommes en noir nous prendront moi, toi et la petite, pour nous couper en morceaux et nous manger. C’est affreux ! Ne me laisse pas. Où est la petite ? Oooh, oooh, j’ai le vertige.
Les hommes en noir
André reste là, impuissant à rassurer Bernadette qui a perdu son bébé, la veille, dans une fausse couche, l’ayant laissé dans un bain de sang. Depuis, elle a perdu la tête. Elle répète sans cesse que des hommes en noir viendront la prendre, elle, André et Claudine (la petite).
Des semaines s’écoulent et les psychiatres sont inquiets pour Bernadette. Sa psychose n’évolue pas. Ils songent à lui administrer des électrochocs, mais André refuse obstinément, pourtant, on a besoin de son autorisation comme conjoint. Le personnel médical ne comprend pas cette attitude.
Une semaine passe et on n’arrive toujours pas à convaincre André. Puis, un appel téléphonique de la sœur de Bernadette survient à l’hôpital. Celle-ci informe que sa famille n’a pas été mise au courant des terribles évènements vécus par sa sœur. Elle a appris, par une voisine qui a vu Bernadette, qu’elle a été embarquée dans une ambulance durant la soirée du 1er décembre. Et là, nous sommes le 15 février, conclut-elle d’un ton indigné.
Suite à cet appel, le personnel médical devient perplexe : André n’avait-il pas assuré avoir informé la famille ? Il se surprenait de ne jamais avoir vu les membres de la famille en visite. L’équipe soignante invite donc la sœur de Bernadette à une rencontre, à l’insu d’André. Il commence à avoir des doutes sur la version des faits donnée par le conjoint.
La rencontre de la sœur par l’équipe soignante prend rapidement une tournure dramatique. On y apprend que Bernadette désirait quitter André, deux jours avant la fausse couche. De plus, dans la dernière année, il était devenu clair, pour les membres de la famille, qu’André faisait preuve de violences psychologiques et qu’il isolait Bernadette. D’autant plus que dans les derniers jours, celle-ci exprimait, à mots couverts, qu’elle craignait de se faire tuer par André et ses amis en noir.
La terrible vérité
Devant cette situation, le personnel hospitalier n’a pas d’autre choix que de faire appel à la police pour signaler que Bernadette aurait possiblement subi une agression de la part de son conjoint. Finalement, l’enquête policière a démontré qu’André fait partie d’un groupe satanique où les gens s’habillent en noir. On y a appris que lui et les autres satanistes avaient projeté de prendre le bébé, après sa naissance, pour faire un rituel de mise-à-mort.
Lorsque Bernadette a témoigné à la Cour, après avoir profité des électro-chocs, elle a confirmé lesdites intentions d’André et des hommes en noir, lorsqu’elle a refusé que son bébé serve de rituel, André l’a attaqué sauvagement en lui donnant un coup de pied et deux coups de poing au ventre. Elle s’est retrouvée au sol ensanglantée et après elle ne se souvient plus de rien.
André a été inculpé ainsi que les membres de son groupe pour agression et dessein de mettre à mort un bébé dans le cadre d’un rituel satanique. L’enquête policière est toujours active, elle soupçonne d’autres mises à mort rituelles. Sous un oeil plus critique, plusieurs bébés dans la localité semblent avoir reçu des diagnostics de décès pour des raisons injustifiées…
Jean Souviron